mercredi 23 juin 2004

Metallica : Match pas nul au Parc des Princes.

Le problème avec la musique métaleuse, c'est qu'elle fait déjà partie du passé. En effet la production actuelle reste dérivée des pionniers que furent les Black Sabbath, Led Zeppelin et autre Deep Purple. A ce train là, après tout, pourquoi ne pas dire qu'il s'agit de Chuck Berry en plus fort ?  Pourquoi pas. Disons qu'il a produit une sorte de socle sur laquelle se basent tout un tas de courants plus ou moins durables. Attention, je ne dis pas que tout ce qui a moins de 10 ansest pompé ! C'est simplement que le coté expérimental est moins omniprésent. Tout ça pour dire que dans le métal, il y a des formations aussi vénérables qu'incontournables et que quand on peut avoir l'opportunité d'aller les écouter en live, il ne faut pas s'en priver.
23 juin 2004. La journée est belle, la météo optimiste... La soirée sera chaude !

Je suis chargé par Olivier (qui est en retard) d'aller récupérer Whiplash à la gare de l'est.
Ce garçon est, comme l'indique son Nickname, un fan avoué de Metallica. Nous discutons musique dans le métro, avant de retrouver Olivier devant le stade. Des relents musicaux nous indiquent que nous avons loupé le début. Il s'agissait de Lost Prophets. Aucun commentaire, je n'ai pas pu profiter de leur son. Passage par la case T-shirt (celui-là ma chérie l'adore...ou presque...) et nous entrons dans l'arène. Whiplash la joue gradins. Olivier et moi descendons en fosse. On se faufile et on se stabilise devant les platines, plutôt près de la scène. Slipknot est en train de jouer. Enfin jouer... D'abord, le son est ignoble. La sono est clairement sous-dimensionnée. Ensuite les gugusses masqués remuent dans tout les sens en tapant sur des bidons. C'est déstructuré au possible, absolument moche. Quitte à voir des clowns, Kiss avait déjà bien enfoncé le clou, il y a 25 ans ! Ce qui m'impressionne le plus, c'est que Slipknot a ses fans : La fosse remue drôlement devant.
Le supplice prend fin. Exit les guignolos et leurs poubelles. Les roadies installent la batterie de Lars et commencent à régler la balance. Rien que ça, c'est un choc. Le bruit d'impact prend aux tripes. C'est bluffant. Devant le décor dépouillé, les piles de Marshall font bien leur job. Ca va barder. Côté public, le stadeest blindé. De ce côté aussi ça promet...
Tiens ? ACDC ? « It's a long way to the top » ? M'est avis que cela va bientôt commencer. Tuco apparait sur les écrans géants, voici les premières mesures d'« Extasy of Gold » d'Ennio Morricone... Et les premières notes d'une Gibson grincheuse au possible...
Si les albums des « Four Horsemen » sont de qualité inégale, il n'en est rien pour leurs concerts. Vingt années de scène, quelques changements et unetragédie n'ont aucunement entamé leur motivation. C'est un constat: le line-up actuel balance grave. Durant 2h15 ils vont tout donner. La paire historique du groupe (Lars Ulrich à la batterie et James Hetfield à la rythmique et au chant) est soudée après les dissensions passées. Le lead (Kirk Hammett, présent depuis le premier album) semble réguler la puissance « heavy » des deux personnalités précédentes par ses envolées mélodiques. La nouvelle basse (Robert Trujillo) est bien intégrée dans l'équipe. Il s'agit d'un formidable technicien qui n'est pas sans rappeler feu Cliff Burton (l'incontournable bassiste de la formation).
Vu de la fosse, c'est la folie. Ça saute, ça bouscule... Des gens un peu amochés reviennent des premiers rangs, quand ils ne sont pas directement portés par de bonnes âmes. Cela fait évidemment partie du jeu et n'empêche pas d'apprécier une set-list très intéressante, survolant les 20 années d'histoire du groupe.
Pour mémoire : « Blackened » puis « Fuel », « Sad But True », « Fade To Black », « Frantic », « Holier Than Thou », « I Disappear », « Wherever I May Roam», « St. Anger »...
Peu à peu la tension monte tandis que le jour baisse. Les meilleurs instants seront pour moi dans la deuxième partie de ce concert. A partir de « Creeping Death » et  « Battery », j'ai atteint mon « heavy sommet ».
On a commencé à être drôlement liquides à partir de là. C'était vraiment une belle soirée de début d'été ! Heureusement pour nous, il y eut les pauses ballades qui permet de souffler : « No Leaf Clover » et  « Nothing Else Matters ».
Dernière ligne droite et nouveau sommet pour « Master of Puppet » puis « One » et « Enter Sandman ».
Enfin les rappels avec « Dyers Eve » et l'incontournable « Seek and Destroy ».
Voilà, comme à l'accoutumée, Metallica reste sur scène un long moment pour saluer le public, jetant médiator, baguettes de batterie et divers articles de leur merchandising dans la foule.
Comme ils le disent dans l'un des documentaires qui leur est consacré : « Metallica is some kind of monster ». Cela ne résume que trop bien l'effet qu'ils donnent sur scène : monstrueux. C'est une machine implacable, puissante et riche, propre à donner un plaisir unique à qui sait apprécier leurs mélodies.    
Mention spéciale au solo de basse de Rob', dans la première partie : proprement hallucinant.

Et quelle émotion lorsque l'on entend le stade entier dans son dos, reprendre les refrains de tous les titres sans exception. Même en braillant comme un putois, on se sent tout petit.
Voilà, c'était ma première fois au Parc, coté pelouse. Whiplash qui était en gradins, nous a rapporté que le son était horrible, principalement à cause du vent. Je ne serais donc pas tenté par les places assises, quoi qu'il se passe. J'aurai l'occasion d'y revenir pour une autre « grand messe ». Cette ambiance, j'en suis adepte.